POINT LIMITE ZERO (VANISHING POINT)


de Richard C. Sarafian

Ancien du Viêt-nam, Kowalski gagne sa vie comme pilote de stock-car. À Denver, il fait le pari fou de rallier San Francisco, à bord de sa Dodge Challenger et en moins de quinze heures. Alertées, les polices du Nevada et de la Californie multiplient les barrages, en vain. Au fur et à mesure de son avancée, il devient une sorte de héros anarchiste, mais les forces de l’ordre auront le dernier mot. Vite et violent, le road-movie brûlot qui fait de la course-poursuite un art de la rébellion.

« Avec son argument à la fois libertaire et massue (un ancien marine champion de stock-car décide de rallier Denver à San Francisco en moins de quinze heures au nez et à la barbe de la police), Point limite zéro est devenu un film cultissime. L’un de ces films de référence devant lequel toute une génération s’est prosternée et qui défie tout avis critique. Pourtant Richard C. Sarafian est aujourd’hui un cinéaste oublié. L’un de ces nombreux jeunes Turcs lessivés par les insuccès consécutifs (en particulier son sublime Convoi sauvage). Dommage, car ce Vanishing Point était bien plus qu’une série B électrisante à la Larry le dingue. Certes la forme même de l’œuvre, autrement dit les poursuites en voitures, reste marquante, mais certainement moins que le fond qu’elle mettait en évidence. Entre le racisme brutal des ploucs américains, la violence des polices locales et le musellement de la liberté d’expression, le portrait que Sarafian avait l’audace de tirer de cette époque donnait l’impression que le chaos était proche. Et son final, inoubliable et inéluctable, nous le rappellera à jamais. »
Gilles Boulanger.

« Kowalski, l’antihéros mythique de Point limite zéro, est en effet un cow-boy solitaire égaré dans l’Amérique en déliquescence des années 70, un personnage hustonien propulsé dans le Zabriskie Point d’Antonioni. Perdant magnifique, aventurier d’abord soldat, puis flic, puis rien du tout, Kowalski prend le pari stupide de rallier en voiture Denver à San Francisco en moins de quinze heures. Sa folle course-poursuite (contre la loi, l’époque et lui-même) est un voyage spatial, à travers des paysages désertiques, mais aussi mental. Bourré d’amphétamines, il voit sa vie défiler derrière lui (bonne utilisation du flash-back), tandis qu’au gré des rencontres et des désillusions se dessine une société invivable, fasciste, dans laquelle le mouvement hippie est le nouveau refuge du conformisme. »
Olivier Père, Les Inrocks, mars 2006.