TRICONTINENTALE

Le cinéma de la Tricontinentale.

IL Y A 50 ANS, LA CONFÉRENCE TRICONTINENTALE SE TENAIT À CUBA ! ET LE CINEMA DEVENAIT TUMULTUEUX !

La « première conférence de la solidarité des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine » s’est tenue à La Havane du 3 au 14 janvier 1966. A l’ordre du jour, notamment,  «la lutte contre l’impérialisme, le colonialisme et le néo-colonialisme à travers les trois continents». Organisateur de cette conférence, Mehdi Ben Barka avait été enlevé peu avant à Paris, en octobre 1965. Son absence limita la portée de cette conférence  qui sombra vite dans l’oubli. La deuxième conférence prévue pour 1968 au Caire n’eut pas lieu et l’OSPAAL[1] déclina rapidement. L’assassinat politique de nombreux autres leaders tiers-mondistes dans les années qui suivirent affaiblit très fortement le Tiers Monde.

A cette époque politiquement tumultueuse correspond l’émergence d’un cinéma engagé, tant dans le discours que dans la recherche de formes, d’esthétiques nouvelles.

Le cinéma des années 70 fut profondément politique. «Ces œuvres émergeaient et témoignaient, à travers une grande amplitude de formes, de contextes très variés faisant suite aux indépendances nouvelles (…). Mais au sortir d’une décennie agitée au cours de laquelle le cinéma avait aussi été « novo », révolutionnaire, militant, utopique, politique pour le pire et le meilleur, s’était faite jour, comme jamais dans le monde, une nécessité d’en découdre avec les ordres anciens.» nous dit Jérôme Baron.

Alors il ne s’agissait pas de filmer Le politique, mais au sens strict de réaliser des œuvres politiques… 50 ans plus tard, que reste-t-il des engagements et des esthétiques de ce cinéma ? Pour essayer d’y voir plus clair, nous convoquerons un film philippin « Perfumed Nightmare », littéralement « cauchemar parfumé », du réalisateur Kidlat Tahimik. L’histoire des Philippines, pays colonisé par l’Espagne et les États-Unis, indépendant depuis 1946, permet d’illustrer cette esthétique particulière du film critique… S’y conjuguent, sur un mode inédit, une critique radicale du colonialisme, une mise en perspective de l’histoire philippine et une comédie autobiographique d’une drôlerie folle. Lors de la soirée du samedi 13 février à 20 heures, Jérôme Baron nous fournira quelques clefs de compréhension pour cette œuvre singulière qui illustre le prolongement historique de l’esprit de cette conférence, à bien des égards, matricielle d’un art fougueux !

Voir la revue en ligne Persée

La « Tricontinentale »

http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1966_num_31_1_2227

J.-J. Brieux

 

[1]
Organización de Solidaridad de los Pueblos de África, Asia y América (OSPAAAL)