Le sable, le sang et la mort
Le documentaire d’Albert Serra met en scène le torero Roca Rey dans son face-à-face violent et tragique avec le taureau.
Tardes de soledad signifie «Après-midi de solitude». Un titre évocateur. On pense à Mort dans l’après-midi d’Ernest Hemingway.
Tardes de soledad n’est pas un film sur la souffrance animale. Il n’est ni pour ni contre la tauromachie. Ou alors tout contre. Au plus près d’un torero et pas n’importe lequel : Roca Rey, né au Pérou, en Espagne depuis ses 10 ans, aujourd’hui âgé de 28 ans et roi de l’arène. Les caméras d’Albert Serra ne le lâchent pas d’une semelle dans sa tournée à travers le pays, de Madrid à Séville. Elles l’isolent du public. Les gradins restent hors champ, invisibles mais sonores. Le brouhaha, la clameur, ou les invectives ne font qu’accentuer le sentiment de solitude du torero. Chaque membre de la camerille est doté d’in micro cravate; jamais on n’avait entendu ce qui se dit au plus près du taureau !
Albert Serra déconstruit la scénographie de la corrida, en même temps que sa dramaturgie. Il la dépouille de son folklore, de son pittoresque. Il n’en garde que son essence, physique et violente.
Le sable («arena» en espagnol), le sang, la mort.