ALDA ET MARIA

de Pocas Pascoal, Portugal, 2015, 1h38, VO

avec Ciomara Morais, Cheila Lima, Willion Brandão

Ce premier long métrage est tout à la fois un récit initiatique et la chronique d’un exil. Un film largement autobiographique aussi puisque comme ses héroïnes, la réalisatrice Pocas Pascoal a fui avec sa sœur, à la fin des années 70, son Angola natal pour le Portugal. Ce retour sur son passé traduit à merveille tout à la fois l’excitation de débarquer à Lisbonne – promesse de libertés nouvelles – et le quotidien de la précarisation, au gré de rencontres où leur innocence enthousiaste se retrouve brutalement confrontée au racisme et à l’exploitation, y compris par l’une de leurs compatriotes immigrées. Aucune naïveté dans Alda et Maria. Pas de misérabilisme larmoyant non plus. Les silences en disent ici souvent plus que mille mots. Le premier talent de Pocas Pascoal est d’avoir su réunir devant sa caméra deux comédiennes débutantes aussi stupéfiantes, capable justement de traduire par de simples regards leur passage quelque peu forcé à l’âge adulte. Le deuxième est d’avoir réussi à mêler intime et sociétal sans que jamais l’un prenne le pas sur l’autre. Et mon tout donne envie de suivre de près la suite de la carrière de cette cinéaste.