Cristi Puiu fut le premier cinéaste, avec La Mort de Dante Lazarescu en 2005, à nous signaler une nouvelle génération de cinéastes roumains. S’il n’a jamais accédé à la notoriété d’un Cristian Mungiu (Palme d’or en 2007 avec «4 mois, 3 semaines, 2 jours»), il a gardé la même ligne, implacable, rigoureuse, formaliste, qui fonctionne sur la longueur parfois volontariste des plans, et un humour Très pince-sans-rire. Sieranevada raconte l’histoire d’un couple qui se rend dans une réunion familiale. Tous ces gens attendent de pouvoir déjeuner. Or tout les en empêche, et surtout le retard d’un pope qui doit bénir la nourriture, plus une histoire démente de costume trop grand… La situation est absurde, comme tout ce qui dans toutes les sociétés du monde ne cesse de poser des barrières à tout – et l’on pense souvent à L’Ange exterminateur de Luis Buñuel, dans lequel les personnages ne pouvaient quitter la soirée dans laquelle ils se trouvaient enserrés, sans qu’on sache jamais pourquoi.