Wanda, chef-d’œuvre laconique et intemporel.

C’est au milieu des terrils, dans le décor noir d’une région minière filmée dans un sale 16 mm gonflé, sur fond sonore de pelleteuses, que débute Wanda… Une petite bonne femme blonde (Barbara Loden) se réveille avec peine dans une maison en préfabriqué. Habillée de blanc, coiffée de bigoudis, la voilà qui traverse le paysage, petit point clair sur la terre charbonneuse, comme une astronaute flottant au-dessus de la cendre lunaire. Où va-t-elle si vaguement, Wanda ? Divorcer, laisser sans combat ses enfants à la charge de leur père avant de partir errer dans une Amérique que la réalisatrice dépouille de toute trace de folklore, offrant l’image dégraissée d’un pays sans âme et sans dieu, semblable à toutes les régions ouvrières du monde. Barbara Loden, comme on parle d’écriture blanche en littérature, a un filmage blanc, d’où naît soudain l’émotion, crue, à vif. C’est en cela que son style se distinguerait de celui de Cassavetes, qui fait plutôt dans le psychodrame. Dans 50 ans de cinéma américain, Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier écrivent : « Wanda est un film où l’on a froid, où une gifle fait mal longtemps, où l’on a peur d’oublier l’ordre qu’on vous donne. » Wanda est bien cela, un cri de désespoir muet, un autoportrait d’autant plus violent qu’il est retenu, un portrait de femme angoissé et sans concession, une description accablée des exclus du capitalisme. — Jean-Baptiste Morain, Les Inrocks

Barbara Loden réalise en 1970 son premier et unique film Wanda, dans lequel elle s’implique trois fois, en tant que réalisatrice, actrice et femme. Il s’agit d’un des premiers et des plus importants films féministes. Écrit, réalisé et interprété par Barbara Loden, Wanda est une histoire d’errance. Elle débute dans un décor minier au ciel bas et gris avec en fond le bruit des pelleteuses. Un décor presque lunaire dans une Amérique déchue, Wanda abandonne sa mère, sa sœur, son mari et ses enfants. Elle rapporte une histoire prédisant l’éclatement de la cellule familiale et la multiplication des divorces qui marquera une génération entière. Détachée, des bigoudis dans les cheveux, fumant des cigarettes, elle garde son air impassible. Pourtant, Wanda incarne un désir, celui de vivre sans condition et sans obligation et puis de toute façon… pourquoi faire ? Elle le dit elle-même, elle n’est « bonne à rien ». — Léa Michaut

Analyse de séquence

Seul long métrage réalisé par l’actrice Barbara Loden en 2015, Wanda est un portrait saisissant d’une laissée-pour-compte. La scène de braquage ici étudiée permet de comprendre les intentions de la réalisatrice qui a voulu donné à son fim un aspect documentaire : recherche stylistique, cadrage, plan marquant, choix de mise en scène, montage… cette séquence révèle comment la cinéaste a imaginé un rapport singulier à l’action.

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