L’INDE FANTÔME ÉPISODE 1 – « LA CAMÉRA IMPOSSIBLE »

Présentation par Philippe Fauvel, des Cahiers du cinéma

De Louis Malle, France, 1968, 52 min

Automne 1967, le ministre des Affaires étrangères propose à Louis Malle d’aller en Inde afin de présenter une série de films français, dont le Feu Follet. Parti pour quinze jours, il restera deux mois sur place. Fasciné par la découverte de ce pays, il y retournera avec l’intention de tourner un film. « Mon idée était […] de regarder ce qui se passait et, ensuite, de tourner. Pas de programme, pas de scénario, pas de matériel d’éclairage », et pas de distributeur.

Cette aventure donnera lieu à « L’Inde fantôme », une série documentaire de sept épisodes. Réfutant tout ethnocentrisme et acceptant qu’il ne pourra pas pénétrer l’opacité d’une culture très éloignée de la sienne, Louis Malle met totalement à nu son approche du cinéma, en exprimant ses doutes et en laissant libre cours à sa réflexion de spectateur de la société indienne. Ce voyage constituera une véritable seconde naissance, ouvrant une nouvelle voie dans sa filmographie.

ÉPISODE 1 – « LA CAMÉRA IMPOSSIBLE »

Dans cette première partie, Louis Malle questionne l’authenticité de sa démarche de cinéaste et évoque l’impudeur du filmeur. « Notre caméra est une arme », prévient-il dès les premiers plans de l’« Inde fantôme », saisissant différents instants du quotidien de femmes ou de bergers. A une époque où la télévision est encore très rare dans les villages indiens et où le tourisme reste peu développé, les images tournées par Louis Malle, dénuées d’artifices et de folklore, conservent toutefois toute leur valeur. On assistera également dans ce premier épisode à une rencontre avec deux jeunes beatniks, reflétant l’attrait exercé par l’Inde sur les occidentaux durant les années 60 et 70.